Par l’intersection de deux plans un espace s’ouvre. Libre alors à toute chose, telle notre regard, ou une idée, de s’y (dé)placer.

Modèle en bois en taille 1:10 en correspondance directe avec un élément du Rolex, l'escalier coupé par une courbe
Notre espace, ouvert par un tissage de plans, englobe à la fois verticalité, horizontalité et courbure. Les courbes de ce projet sont chacune inspirée d’incurvations déjà existantes, en corrélation directe avec le Rolex Learning Center ainsi qu'un élément de la phase MEASURES.
Influences du projet en images :
Plans horizontaux : le Rolex Learning Center & son escalier extérieur

Plan vertical : l'interstice mesuré lors de la phase MEASURES
Sketch, courbure d'un fragment du projet précédent, Adrien Fleischer
Dessin technique, perspective du projet, échelle 1:50, et du Rolex Learning Center & son escalier extérieur, échelle 1:140, point de vue intérieur, Jeanne Couelle
Le plan vertical, assurant le rôle de membrane, est la colonne vertébrale soutenant l'entière ossature. Les différents plans horizontaux s'y entremêlent, filtrant la lumière. En la contemplant dans sa totalité, la structure peut rappeler une sorte de tissu. Chaque lambourde et chaque planche se comportent bel et bien à l'image de fils, chacune étant une partie intégrante du tissage. En effet, tout élément a une place spécifique, apportant équilibre et contraste au projet.
Dessin technique, axonométrie version finale, échelle 1:5, Adrien Fleischer
Quant à ce qui est de l'horizontalité, la succession de plans à hauteurs différentes du sol fait résonance avec l'unique escalier extérieur du Rolex Learning Center. La répétition de l’élément horizontal sur différents plans, à l'image des marches, permet alors de créer une sensation d’ascension, tout en laissant deviner une sorte de point culminant.
Procédure en atelier - construction conceptuelle du projet
Entrons à l'intérieur du projet...
Une multitude de contrastes se créant au travers du projet, l'idée de dualité (du latin dualis, "caractère ou état de ce qui est double en soi ; coexistence de deux éléments de nature différente", Petit Robert 2015) s'est rapidement révélé comme étant fil conducteur de celui-ci.
L'opposition plutôt évidente entre les plans verticaux et horizontaux est tout d'abord accentuée par la taille des lambourdes, la largeur des planches horizontales étant le double des verticales. Leur disposition entremêlée rappelle celle d'un tissu, constitué d'un "assemblage régulier de fils ou de fibres, disposés en deux séries croisées à angle droit" (définition tirée du Larousse). Cet entrelacement permet d'ailleurs d'alterner vide et plein où la lumière est à son tour libre de jouer avec les ombres.
Dessin technique, perspective & détail d'une marche, échelle 1:10, Jeanne Couelle
Jeu d'ombre et de lumière, modèle en bois à l'échelle 1:10
Puis, d'un point de vue purement géométrique, une disparité importante se forme entre les droites et les courbes caractérisant la structure. Cette différence ne fait qu'accentuer le jeu d'ombre et de lumière découlant du réseau de plans.


Mise en relation avec l'incurvation du projet
Dessin technique, Perspective de la première version & détail de la courbure, échelle 1:10, Léane Bussy
L'effet de miroir mettant en relation les plans horizontaux, alors placés à différentes hauteurs, et un même plan, lui aussi horizontal, situé cette fois-ci au pied de la structure et reflétant les planches supérieures comme leur ombre au sol, contribue également à cette idée de duel, de dédoublement.
Dessin technique, évolution du projet à travers deux Monge, échelle 1:10, Orianne von Flüe
Un autre aspect du projet dépeignant une dualité est la membrane, séparant deux espaces. L'un est courbes, en offrant une infinité de différentes en fonction du point de vue. L'autre est strict, droit (en omettant l'incurvation des plans horizontaux), s'arrêtant net à même distance de la membrane, la succession de plans horizontaux constituant le "plafond" de cet espace comme flottant dans les airs (apportant par ailleurs un côté très aéré à cet élément structurel). Ce point est en partie illustré par le modèle en plâtre, réalisé en trois parties distinctes, séparant la membrane et les deux côtés.
Modèle en plâtre réalisé en trois parties, la membrane épaisse de 3mm appuyant l'idée de dualité, plein du projet en échelle 1:10
Procédure de moulage du modèle en plâtre
« Répète ton élément »
Modèle en plâtre, les trois parties s'écartant de plus en plus, créant un certain jeu d'ombre
La taille de la structure peut varier de façon proportionnelle, offrant une abondance d'alternatives. Son dimensionnement à taille réelle a été déterminé de façon à être en relation directe avec le corps humain. La structure est vu d'une part comme un espace de repos, invitant quiconque à s'y installer l'espace d'un moment et laisser balader son regard sur le Rolex Learning Center. Il n'est alors pas nécessaire que les plans horizontaux supérieurs présentent une hauteur très importante. Cependant, de l'autre côté de la membrane verticale, un parcours guidé par les courbes (définissant autant des contraintes en largeur qu'en hauteur) est rendu possible par des hauteurs convenables à un déplacement plus ou moins agréable du corps. Ainsi conditionné par les diverses dimensions verticales, le corps doit se courber, puis se relever, jouant avec la structure environnante, retraçant ses courbures.
Procédure en atelier - construction physique du projet
Dessin technique, axonométrie éclatée de la version finale, échelle 1:10, Léane Bussy
Préférant se concentrer sur la qualité de la construction plutôt que la quantité, il a été décidé de présenter à taille réelle un fragment du projet entier uniquement.
Détail construit à taille réelle : partie non hachurée
En plein processus de construction à échelle 1:1, bois
de nouvelles sensations : l'usure du bois, la perceuse traçant son chemin, de la sciure virevoltant, les planches s'entrelaçant, une structure se tissant progressivement
Procédure en extérieur - implantation du projet dans le paysage
Détail de la structure à échelle 1:1, implantée en face du Rolex Learning center
L'oeuvre de Richard Serra, The Matter of Time, se profile comme étant, à nos yeux, étroitement liée à notre projet, notamment par la courbure de ses trois plans verticaux mais aussi par les deux espaces créés entre ceux-ci.
Richard Serra, The Matter of Time, Guggenheim Bilbao Museoa, 1994-2005
Et si courbe & droite étaient en fait bien plus que duelles l'une de l'autre ?